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Memoires a quatre mains
13 janvier 2007

La famille Fortier

Marc Fortier est né en normandie en 1890.

Issu d’une famille de quatre enfants, trois garçons et une fille, il se destinait à une carrière d’ingénieur en électricité qu’il ne put mener à bien en raison du début de la première guerre mondiale.

Monsieur Fortier père, Alexandre de son prénom, quant à lui, dirige une fabrique de peignes en Normandie, dans la petite ville de Ezy sur Eure.

A l’époque les peignes sont fabriqués en corne, en écaille ou en carapace de tortue et la fabrique est florissante.

Il est donc tout à fait en mesure d’assurer l’entretien de son fils Marc, qui, installé à Paris reçoit donc une rente mensuelle de 80 francs/or, ce qui est une fortune pour l’époque.

Marc Fortier pourrait donc mener à bien ses études, mais le destin en a décidé autrement car la guerre de 1914 éclate.

Marc Fortier se retrouve donc mobilisé et affecté à un poste à Paris pendant toute la durée du conflit.

A la fin de celui-ci, et sur le conseil de ses supérieurs qui lui trouvent des dispositions particulières, il prépare le concours d’entrée à l’école militaire de Saint Cyr qu’il réussit.

Le voici donc devenu militaire, et il en fera sa carrière

C’est ce nouveau statut qui le mènera avec sa famille aux quatres coins des colonies françaises de l’époque.

Marc Fortier contractera  mariage avec Germaine Marin le 24 janvier 1914 et de leur union naîtra la même année, un fils répondant au nom d’Albert.

Les jumelles,Yvonne et Jeanine qui verront le jour en 1926 auront donc douze ans d’écart  avec leur frère.

Le 5 novembre 1914,

la France

et l’Angleterre qui s’étaient alliées pour ce conflit, déclarent la guerre à

la Turquie

et notre pays envoie donc des contingents sur place.

Marc Fortier, après avoir terminé Saint Cyr se trouve donc envoyé en poste en Turquie juste après, au début des années 1920.

Yvonne et Jeanine ont peu d’informations sur cette période de la vie de leurs parents. Elles savent néanmoins que leur maman, parisienne de naissance, est restée en France avec son petit garçon pendant la première mission de son époux.

Marc Fortier reviendra en France entre 1922 et 1924 et repartira vers une nouvelle mission, pacifiste celle-ci, au Maroc où il s’installera avec sa petite famille, à Casablanca précisément.

Yvonne et Jeanine voient donc le jour le 26 octobre 1926 dans cette ville mais Marc Fortier qui est en mission dans le désert l’apprend deux semaines plus tard, de la bouche d’une ordonnance militaire qui lui annonce qu’il a eu deux petits garçons: Yves et Jean !

Il faudra donc qu’il rejoigne Casablanca pour s’apercevoir que son épouse a en fait mis au monde des jumelles, répondant aux noms de Yvonne et Jeanine, et qu’elle se dit même incapable de les distinguer... ce qui est bien normal à cette époque dans le cas d’une naissance multiple.

Marc Fortier fera donc immédiatement fabriquer deux petits bracelets avec plaques d’identité pour déterminer une fois pour toutes qui est qui.

Les jumelles sont donc identifiables... et nous voici donc avec une Jeanine et une Yvonne qui ne changeront plus de prénom au gré des aptitudes à les reconnaître.

La famille Fortier séjournera encore quelques mois à Casablanca avant de rejoindre une nouvelle affectation, toujours au Maroc mais à Agadir cette fois,  pour deux années.

On est en 1928.

Les filles ont déjà 5 ans lorsque la famille Fortier revient en France avec “armes et bagages” si on peut dire.

On est en 1931 et le point de chute de ce séjour de deux années est la ville de Rochefort.

Yvonne et Jeanine, malgré leur jeune âge, gardent un souvenir assez précis de leur séjour dans cet endroit qui d’ailleurs coïncide avec la première période de leur scolarisation, laquelle fut singulière tout au long de leur enfance.

Jeanine nous raconte:

-          Nous avions pris l’habitude de vivre dehors et nous étions déjà très libres au Maroc. Nos parents ne nous cherchaient jamais et chaque soir avec Yvonne nous attendions l’heure de la soupe des soldats dans la cour de la garnison d’Agadir.

-          Nous devions être comme deux petits animaux... dit elle en riant, car à l’heure précise nous venions nous asseoir par terre au milieu des militaires qui recevaient de grandes gamelles de potage, de bouillon, de riz, de semoule qui aiguisaient notre appétit. Notre horloge interne fonctionnait bien car nous ne manquions jamais l’heure et les soldats s’en amusaient. Ils nous donnaient à manger, tout simplement, comme on donne des miettes aux petits oiseaux.

-          La nourriture était très épicée, se souvient Yvonne, et je crois que c’est de cette période que nous est restée l’attirance pour les plats très relevés.

     Nous n’aurions manqué le dîner des soldats pour rien au monde... c’était

     un moment bien à nous !

-          Evidemment pour nous la vie en France était beaucoup moins drôle... Imaginez un peu: deux enfants toute la journée dehors dans un pays de soleil et de liberté qui se retrouvent enfermées dans un appartement.

-          Notre obsession était de jouer dehors et nous n’avions pas du tout la notion de la rue, tout nous semblait normal et notre terrain de jeux n’avait pas les limites que les passants qui nous regardaient avec incrédulité auraient souhaité nous voir respecter. Nous avions des jeux d’enfants de notre âge bien sûr mais toujours avec une extrême indépendance et l’assurance que nous conférait le fait d’être deux.

     Avec le recul, je me dis que les gens du cru devaient bien se demander   

     d’où sortaient ces deux petites sauvages, souligne t’elle en riant !

Albert le grand frère, quant à lui, est à l’école militaire de

La Flèche

où il est bien décidé à embrasser la carrière militaire comme son père.

Les jumelles le connaîtront donc relativement peu puisque entre les différents séjours à l’étranger de la famille et les engagements militaires d’Albert, rares sont les occasions de partager des moments de vie de famille.

Une des seules photos des trois enfants ensemble a été réalisée à Rochefort et on la situe aux environs de 1932.

Les jumelles, petites robes blanches brodées et chaussures vernies ont un sourire qui en dit long sur leur malice et sur la complicité qui les lie déjà !

Complicité qu’elles auront la chance de partager tout au long de leur vie et qui en fait un des charmes particuliers d’une rencontre avec elles, en ce début de vingt et unième siècle.

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Commentaires
F
Bonjour Yvonne et Jeannine,<br /> j'ai été très surpris de voir cet article sur internet et vous félicite de l'avoir fait. Concernant le père FORTIER, la remarque que je ferais concerne son prénom:il s'appelait officiellement Adalbert Anatole.A bientôt j'espère.Michel
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